La Seine-Maritime, entre falaises de craie, ports maritimes et vallée de la Seine

Un littoral de falaises et de petites stations balnéaires

En Seine-Maritime, la mer est partout. Elle entaille la côte de hautes falaises de craie, creuse des grottes nourries de légendes et encadre de petits ports de pêche ainsi que des plages de galets ou de sable. Entre Le Tréport, Criel-sur-Mer, Dieppe, Saint-Valery-en-Caux, Fécamp et Étretat, le regard passe sans cesse des falaises vertigineuses aux jetées, aux bateaux qui entrent et sortent des ports, aux promenades de bord de mer où l’on flâne en toutes saisons. La fameuse côte d’Albâtre porte bien son nom, tant la blancheur de la craie contraste avec le vert des prairies et le bleu changeant de la Manche.

Le Pays de Bray et les campagnes de l’intérieur

À l’intérieur des terres, la Seine-Maritime offre une campagne douce et variée. Au nord du département, la vaste forêt d’Eu s’étend jusqu’à l’ancienne place forte d’Aumale et jusqu’à Neufchâtel-en-Bray. Elle précède le Pays de Bray et sa longue boutonnière verte, au relief accidenté, aux pâturages gras qui donnent naissance à des fromages réputés comme le Neufchâtel, le bondon ou le petit suisse. Selon la tradition, ce dernier, devenu célèbre dans le monde entier, aurait été imaginé par une fermière de la région avant d’être commercialisé par Charles Gervais. Aujourd’hui encore, la visite des fromageries et des ateliers agroalimentaires autour de Gournay permet de comprendre ce savoir-faire. Dans ces terres de bocages, de vergers et de prés, les ruisseaux poissonneux, les chemins creux et les petites routes bordées de haies invitent à un tourisme nature, à la pêche et à la randonnée.

Le pays de Caux, la côte d’Albâtre et les falaises d’Étretat

Entre Dieppe et Fécamp, Saint-Valery-en-Caux marque le départ de la côte d’Albâtre. Dans ce pays de Caux austère et secret, battu par les vents, des champs de labours et des vergers entourent des fermes en brique ou à pans de bois, protégées dans des clos-masures caractéristiques, formés de haies d’arbres qui abritent bâtiments, pâtures et vergers. On aime rappeler qu’autrefois, les grandes abbayes du plateau calcaire auraient été disposées de manière à reproduire les sept étoiles principales de la Grande Ourse, signe fort des liens entre paysage, spiritualité et géographie.

En arrivant au bord de la mer, les falaises abruptes plongent sans transition dans les flots. Autour de Dieppe, le château de grès et de silex surveille la longue grève de galets qui fut l’un des berceaux de la mode des bains de mer au XIXe siècle. Malgré les destructions de la Seconde Guerre mondiale, la ville a conservé certains monuments et un patrimoine maritime vivant, complété par de belles balades dans les environs, vers Arques-la-Bataille, le château de Miromesnil cher à Maupassant ou encore Varengeville-sur-Mer avec son parc et son cimetière tourné vers la mer.

Plus au sud, Fécamp doit sa renommée à son histoire de port morutier, à sa liqueur bénédictine et à sa grande abbatiale gothique, l’un des plus beaux édifices religieux de Normandie. Quelques kilomètres plus loin, Étretat se blottit entre la Porte d’Aval, la Porte d’Amont et leurs aiguilles de craie. Les grottes et arches naturelles portent des noms évocateurs comme la Chambre des Demoiselles ou la Manneporte. L’aiguille creuse a inspiré à Maurice Leblanc une des plus célèbres aventures d’Arsène Lupin, renforçant encore l’aura romanesque du site.

Le Havre, grand port de commerce et ville reconstruite

Au-delà du cap d’Antifer, où un port en eaux profondes accueille les pétroliers, le littoral mène au cap de la Hève, au fort de Sainte-Adresse et à l’estuaire de la Seine. Là s’ouvre Le Havre, deuxième port de commerce français, tourné vers les échanges internationaux. De la ville fortifiée imaginée par l’ingénieur génois Bellarmato pour François Ier, il ne subsiste plus que quelques témoins, la cathédrale Notre-Dame, certains hôtels particuliers et quelques monuments épars, les bombardements de 1944 ayant presque tout détruit.

La ville actuelle, reconstruite sous la direction d’Auguste Perret, aligne grandes perspectives et immeubles de béton clair. La place de l’Hôtel de Ville, la tour Saint-Joseph qui domine le paysage urbain et les quartiers organisés autour de larges avenues témoignent de ce projet architectural unique, aujourd’hui largement reconnu. En contrebas, les quais, les terminaux portuaires et les bassins de plaisance rappellent que la mer reste le cœur battant du Havre.

Rouen, capitale historique de la Haute-Normandie

La Seine-Maritime, c’est aussi Rouen, capitale historique de la Haute-Normandie et port fluvial de premier plan. De nombreux écrivains et artistes y sont nés ou y ont étudié, de Corneille à Flaubert, de Maupassant à André Maurois. La ville mérite pleinement son surnom de ville aux cent clochers. Dans le centre historique, maisons à pans de bois, hôtels particuliers et ruelles pavées forment un décor remarquable. La cathédrale Notre-Dame, les abbayes et églises, la place du Vieux-Marché où Jeanne d’Arc fut brûlée vive, la tour du Gros-Horloge et son beffroi composent un ensemble exceptionnel, complété par de nombreux musées et par les quais de Seine aménagés.

Rouen est à la fois ville d’art et ville vivante, commerçante et universitaire. Elle s’étend en longueur le long de la vallée de la Seine et de ses affluents, dans un paysage de coteaux, de ponts et de boucles qui la mettent en relation directe avec Paris d’un côté, l’estuaire et la mer de l’autre.

La vallée de la Seine et le parc naturel régional

En aval de Rouen, la Seine dessine de larges boucles jusqu’au pont de Tancarville et au pont de Normandie. La forêt de Brotonne donne son nom à un parc naturel régional de plusieurs dizaines de milliers d’hectares qui occupe un vaste méandre du fleuve. Entre Caudebec-en-Caux, le Marais Vernier et le Roumois, villages, fermes, prés salés, vergers et zones humides composent une mosaïque de paysages. Un écomusée éclaté en plusieurs sites fait revivre les métiers d’autrefois et les traditions rurales, avec des maisons de la pomme, de la navigation sur la Seine, de la forge, du sabot ou des moulins.

Les petites communes du secteur, comme Bourneville, Sainte-Opportune-la-Mare, Hautville, Yvetot ou Villequier, où se sont noyés Léopoldine Hugo et son mari, jalonnent des itinéraires de découverte. Les abbayes de Saint-Wandrille, Saint-Martin de Boscherville ou Jumièges offrent des ensembles monastiques de premier ordre, souvent installés dans de superbes sites en bord de Seine. Autour de Jumièges, une base de loisirs permet de pratiquer voile, canoë, baignade et autres activités de plein air, tandis que les cyclotouristes peuvent suivre des circuits comme celui des rives de la Seine.

Artisanat, traditions et art de vivre en Seine-Maritime

Au-delà des grands sites connus, la Seine-Maritime entretient un art de vivre fait de marchés animés, de petits ports plein de charme, de produits du terroir et de traditions bien vivantes. Le fromage, la crème, le beurre, les produits de la pêche, la pomme sous toutes ses formes, du cidre au calvados, occupent une place de choix sur les tables. Dans les campagnes, les clos-masures, les fermes à pans de bois, les petites églises isolées et les chemins bordés de haies composent un décor apaisant. Sur la côte, la lumière changeante, les marées et les falaises inspirent toujours peintres, photographes et promeneurs. Entre mer, campagnes, forêts et grande vallée fluviale, la Seine-Maritime propose ainsi une diversité de paysages et d’ambiances que l’on découvre au fil des séjours et des saisons.